La Pologne en France

Dès ses premiers discours, en 1980, Jean-Paul II souligna son attrait pour les sanctuaires français – comme notamment Ars, Lisieux, Lourdes, ou Sainte-Anne d’Auray – qui furent des étapes de ses voyages en France. Durant son pontificat il se rendit au total 8 fois en France (7 fois en métropole et une fois à La Réunion), faisant ainsi de ce pays sa destination la plus fréquente juste après sa Pologne natale.

L’année 1980 fut, de son pontificat, celle de la première visite en France. Ce voyage fut notamment l’occasion d’évoquer la culture au siège de l’UNESCO, de dialoguer avec les jeunes au Parc des Princes et avec les ouvriers à Saint-Denis, et de voir Lisieux. Sa première visite à Lourdes eu lieut en 1983 pour ce Pape qui vouait une dévotion particulière à la Vierge Marie. Au cours de ce premier pèlerinage à la grotte de Massabielle, il s’adressa tour à tour aux pèlerins, aux prêtres, aux religieuses, aux jeunes, aux malades et aux hospitaliers. En 1986, Jean-Paul II vint rendre hommage aux saints et martyrs de l’une des premières églises chrétiennes de l’histoire, avec des étapes à Lyon et Annecy, mais aussi chez le curé d’Ars (Saint Jean-Marie Vianney) et à Paray-le-Monial. En 1988 son voyage à Strasbourg, Metz et Nancy fut quant à lui placé sous le signe de l’Europe. Il fut notamment accueilli au Parlement européen à Strasbourg où il s’exprima sur les racines chrétiennes du continent. Sa brève visite à La Réunion du 1er au 2 mai 1989 fut un moment historique pour l’île et, alors qu’un Réunionnais sur quatre se déplaça pour assister à l'événement religieux, son message d'espoir en créole resta gravé dans toutes les mémoires. Il célébra le 1500e anniversaire du baptême de Clovis à Reims en 1996, et se rendit par la même occasion à Tours pour retrouver les « blessés de la vie » et les familles à Sainte-Anne-d’Auray. La France pour Jean Paul II c’est également le succès spectaculaire des XIIe Journées mondiales de la jeunesse, qu’il présida en août 1997 à Paris. Ce fut un événement majeur dans la vie de l’Église en France. En effet plus d’un million de jeunes se réunirent alors pour rencontrer le souverrain pontif. Enfin, les 14 et 15 août 2004, la France fut la destination de son tout dernier voyage lors d’un pèlerinage à Lourdes.

Cet attachement de Karol Wojtyła à la France s’expliquait aussi par son parcours: Deux Français participèrent indirectement à sa formation alors qu’il se destinait au sacerdoce. D’abord Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, à qui il emprunta sa devise Totus tuus (« Tout à toi »), formule de consécration à la Vierge Marie. Mais également saint Jean-Marie Vianney, le Curé d’Ars dont il s’inspirait quand il embrassait le sol d’un pays qu’il visitait pour la première fois. Formé à l’université polonaise, le futur Pape connaissait les penseurs slaves et allemands, mais son anthropologie héritée de saint Thomas d’Aquin se nourrissait également du personnalisme né en France dans les années Trente autour d’Emmanuel Mounier. Au cours de ses études, il pu par ailleurs découvrir la France à l’été 1947. Il fut alors séduit par les cathédrales gothiques, mais aussi par l’expérience naissante des prêtres ouvriers, qui lui inspirèrent en mars 1949 son premier article dans le journal Tygodnik Powszechny.

 

Photo : auteur inconnu (source : Centrum Myśli Jana Pawła II)