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Séminaire stratégique franco-polonais

14.10.2022

Les 13 et 14 octobre 2022, l’Ambassade de Pologne à Paris a accueilli la prémière édition d’une conférence internationale „Polish-French Strategic Seminar”, dans le cadre de laquelle les experts ont discuté de la coopération franco-polonaise dans le contexte de la guerre en Ukraine.

Séminaire stratégique franco-polonais

L'événement intitulé "La solidarité stratégique en pratique - les relations franco-polonaises et les réponses à la guerre en Ukraine", adressée aux experts français, aux représentants des instituts de recherche, aux représentants des autorités militaires, au corps diplomatique et aux médias, a été organisé en coopération avec l'Institut Polonais des Affaires Internationales (PISM) et avec la participation de l'Institut Français des Relations Internationales (IFRI), avec le soutien de la banque polonaise BGK et sous le patronage médiatique du quotidien Rzeczpospolita. Le séminaire a permis de confirmer les positions de la Pologne et de la France, et de trouver de nombreux points communs dans les politiques des deux pays, ce qui influencera la coopération future tant au niveau bilatéral que sur le forum de l'Union européenne.

Dans son introduction au séminaire, l'Ambassadeur de la République de Pologne en France, Jan Emeryk Rościszewski, a déclaré que nous assistons aujourd'hui à un repositionnement géopolitique de l'Europe centrale, qui entraîne à son tour la nécessité d'un recalibrage des relations entre Varsovie et Paris. Il a également noté que la Pologne voit des possibilités de dialogue substantiel dans l'évolution de la position des pays occidentaux à l'égard de la Russie. À son tour, l'Ambassadeur de France en Pologne, Frédéric Billet, a souligné qu'avec le retour de la guerre en Europe, nous sommes confrontés à une période d’une grande incertitude stratégique. Il a déclaré que la Pologne joue un rôle stratégique en tant que plaque tournante de l'aide humanitaire et militaire à l'Ukraine, et que l'hospitalité de la Pologne et des Polonais envers les réfugiés de guerre ukrainiens suscite une grande admiration et un grand respect de la part des Français.

La séance d'ouverture du séminaire a été animée par le directeur de l'Institut Polonais des Affaires Internationales (PISM), Sławomir Dębski, et le directeur de l'Institut Français des Relations Internationales (IFRI), Thomas Gomart. Le directeur Sławomir Dębski a estimé que malgré certaines différences, les positions de la Pologne et de la France à l'égard de la Russie et de l'Ukraine convergent, et que les sociétés de nos pays soutiennent massivement l'Ukraine. Il a déclaré que l'Europe n'a pas tiré les leçons des guerres contemporaines, notamment en Libye et en Syrie, ce qui rend difficile son soutien à l'Ukraine, y compris sur le plan militaire. Il a pronostiqué que la Pologne et la France pourraient construire et réformer ensemble la politique de défense de l'ensemble de l'UE. Selon le directeur Thomas Gomart, la guerre renforce un ordre mondial multipolaire dans lequel certains États non européens montent en puissance et l'UE perd de son influence. L'UE a en outre perdu depuis longtemps son principal avantage sur le reste du monde : la paix. Toutefois, la guerre a également eu pour conséquence d'exclure la Russie de la mondialisation en frappant ses secteurs d'exportation clés tels que le pétrole, le gaz et l'armement, tout en perdant sa crédibilité dans le secteur alimentaire. Le directeur Gomart a noté que dans la situation actuelle, la Pologne et la France doivent travailler ensemble pour maintenir l'unité européenne.

Dans son introduction au panel militaire du séminaire, l'historien Jan-Roman Potocki, co-auteur du livre "Frères d’Armes. Le soutien militaire de la France à la Pologne 1917 – 1924", a présenté une analogie historique entre le soutien de la France à la Pologne lors de la guerre soviéto-polonaise et l'aide actuelle des pays occidentaux à l'Ukraine.

En discutant des conséquences de la guerre en Ukraine pour la défense européenne et la coopération bilatérale, les représentants des états-majors de la Pologne et de la France ont confirmé que l'agression actuelle de la Russie contre l'Ukraine a renforcé l'UE et l'OTAN. Le général Piotr Błazeusz a noté que l'UE a réagi plus rapidement que l'OTAN en raison de la mise en place d'une mission de soutien militaire à l'Ukraine, au cours de laquelle les soldats ukrainiens seront formés sur le territoire de l'UE, et principalement en Pologne. Concernant la préparation des Ukrainiens à la guerre, il a évalué que le conflit, qui dure depuis 2014, a fait de l'Ukraine une puissance militaire dont l'Occident peut apprendre beaucoup. Il a également déclaré que l'armée russe se comporte de la même manière depuis plus d'un siècle, commettant de nombreux crimes contre les civils. Le général Éric Peltier, officier général en charge des relations internationales militaires, a estimé que, bien que l'Ukraine soit en train de gagner la guerre de l'information et que la Russie soit complètement discréditée en Occident, sa propagande peut encore avoir du succès dans d'autres parties du monde. Il a également noté le moral élevé des militaires ukrainiens et leur capacité à compenser rapidement les pertes en matériel et en hommes. En parlant de la coopération bilatérale, le général Błazeusz a confirmé la signature, dans le futur proche, d'un accord entre la Pologne et la France pour l'achat de systèmes satellitaires.

Lors du deuxième panel du séminaire, les experts ont discuté de la nouvelle stratégie pour l'Europe qui devrait émerger à la suite de la guerre en Ukraine. Elie Tenenbaum de l'IFRI a estimé qu'il appartient à l'OTAN de renforcer sa défense et sa présence militaire, ainsi que sa politique de dissuasion, tandis que l'UE doit se concentrer sur les sanctions et la politique d'élargissement, mais que la répartition des tâches doit être complémentaire plutôt qu'exclusive. Łukasz Kulesa de PISM a déclaré, dans le contexte des relations avec la Russie, que l'agenda de l'OTAN et de l'UE ne peut être discuté davantage, car aujourd'hui il est partagé. Il a également estimé que l'UE a atteint une sorte de nouvelle maturité et doit désormais passer de la publication de documents stratégiques à leur mise en pratique. Adam Bugajski, directeur du Département de la politique de sécurité au Ministère des Affaires étrangères de la République de Pologne, a déclaré les tâches de l'OTAN sont principalement militaires, comme la défense collective, tandis que les principales tâches de l'UE devraient être de rendre la guerre complètement non rentable et impossible à poursuivre pour la Russie, principalement par le biais de sanctions et l’indépendance de l'Europe à l’égard de la Russie. Manuel Lafont Rapnouil, directeur du Centre d'analyse du Ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères, a estimé que l'OTAN est la clé de la défense commune et de la dissuasion de la Russie. L'UE devrait se concentrer sur le soutien budgétaire et humanitaire, la reconstruction future de l'Ukraine et, dans ce contexte, l'élaboration d'un nouveau « plan Marshall » pour l'Ukraine. Il a également fait valoir que des sanctions multidimensionnelles à l'encontre de la Russie sont nécessaires pour empêcher le contournement des restrictions actuelles.

La dernière session du séminaire a été consacrée au redressement de l'Ukraine et à la relance économique de l'UE après la crise actuelle. Piotr Arak, directeur de l’Institut économique polonais (PIE), a reconnu que l'accès de l’Ukraine au marché commun est la clé de son futur succès. Dans un contexte similaire, il a estimé que l'Ukraine doit être admise à l'OCDE afin de bénéficier des modèles et des expériences de l'Occident. Il a également déclaré que le rôle principal dans la reconstruction de l'Ukraine serait tenu par les Etats-Unis. Matthieu Loussier, Directeur Exécutif Europe-Afrique du Groupe Egis, l'a rejoint sur ce point, mais a souligné que la France souhaitait impliquer au maximum l'UE dans le processus. Il a déclaré que dans le cadre de la reconstruction et de la modernisation de l'économie ukrainienne à long terme, c'est l'UE qui jouera un rôle moteur. Le directeur Kamil Kamiński de la banque BGK a souligné que la reconstruction de l'Ukraine n'est, contrairement aux apparences, pas un si grand défi pour l'Occident, et que tous ses éléments sont prêts en principe. Le défi pour l'Ukraine consiste plutôt à créer une banque de développement professionnel, et la France et la Pologne pourraient lui offrir leurs modèles. Enfin, il a estimé que l'Ukraine doit avoir accès au marché commun avant même de rejoindre l'UE.

La conférence a montré que la Pologne et la France partagent des évaluations similaires sur de nombreuses questions. L'identification des domaines dans lesquels la Pologne et la France peuvent renforcer leur action commune et unir leurs forces pour soutenir l'Ukraine peut avoir des effets positifs tangibles tant pour l'Ukraine elle-même que pour le développement futur des relations bilatérales entre la Pologne et la France. Les deux pays, qui ont chacun leurs spécificités et qui abordent les questions contemporaines avec leur propre point de vue, sont en mesure de jouer un rôle important dans l'élaboration de la future politique européenne et de la coopération sur le continent européen.

La prochaine édition de l'événement aura lieu à Varsovie au printemps 2023.

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