La Pologne en France

En général, nous passons toujours la veille de Noël en compagnie de notre famille la plus proche. Bien entendu, suivant les convictions et croyances de chacun, la messe de minuit est un élément fort de la célébration.

Ce schéma traditionnel lors du repas, peu néanmoins être bouleversé par la présence d’un « invité inconnu ». Cette tradition implique que pour la veillée de Noël la table soit dressée avec une place supplémentaire, laissée vacante, au cas où un invité inconnu vienne frapper à la porte en quête d’hospitalité.

Le repas débute lorsque l’on distingue dans le ciel, la première étoile scintiller au firmament. Alors, les convives partagent des petits morceaux de gaufrette de pain sans levain appellés « opłatek » et échangent leurs meilleurs vœux. Une fois à table on « tire » une brindille de foin préalablement cachée sous la nappe et on la compare avec celle de ses voisins : plus la brindille est longue plus elle prédit longévité et bonne santé pour les années à venir.

Il est important de s'assurer que la table du réveillon de Noël soit ornée des fruits de saison, par exemple : mandarines, dattes, noix, mais aussi de gourmandises locales, fruits du verger, trésors de la forêt sans oublier la traditionnelle carpe de Noël (en daube, frite, panée, en papillote ou en tartare). Selon les croyances populaires, la carpe donne de la force et assure force et santé. D'où la coutume ancestrale de mettre les écailles de la carpe du réveillon de Noël dans le portefeuille, afin que cela multiplie l'argent….

Les Polonais peuvent être facilement divisés entre ceux qui aiment le goût de la carpe et ceux qui la détestent. Présente dans leur menu depuis le XII siècle, les moines cisterciens développèrent l’élevage de la carpe et la démocratisèrent. Paradoxalement ce sont les soviétiques qui lui donnèrent ce statut de poisson de Noël incontournable. Dans un soucis d’annihilation de la culture locale afin de reconstruire une société a mode de pensée unique et dans une économie planifiée, le seul poisson qui pouvait être fournit dans tous les foyers le soir de la veillée de Noël se trouva être la carpe.

Elle détonna perches, brochets, sandres, écrevisses, esturgeon et même queues de castors (considérée comme la partie poisson de l’animal) pour régner sans partage, véritable monarque absolue sur la table de Noël.

Le repas se compose traditionnellement de 12 plats ou éléments de garnitures symbolisant les 12 apôtres du Christ. Les convives se doivent de gouter à tous les plats du réveillon de Noël, car ils sont censés apporter bonheur et prospérité.

Dans la tradition contemporaine en raison du jeûne, les plats de viande ne sont pas autorisés. Les soupes telles le barszcz aux champignons ou la betterave et ses ravioles aux champignons sauvages sont indispensables. La soupe de poisson peut également faire son apparition et parfois une soupe aux amandes exquise, bien qu'elle soit beaucoup moins courante.

Les boulettes de graines de pavot restent un plat populaire dans de nombreuses régions. Si nous mangeons des graines de pavot (et nous les consommons tous la veille de Noël), nous sommes en mesure d’avoir des nouveaux nés dans l’année. Cette coutume traditionnelle ainsi que son symbole dont les innombrables graines, restent  « obligatoires » dans les plats de Noël.

Il doit nécessairement y avoir du chou sur la table par exemple garnit de champignons ou de pois, de prunes séchées, sous forme de rouleaux de pate a crêpes panées et fourrées.
La très bonne santé, il est dit, sera assurée par la consommation de choucroute, grâce à laquelle le printemps vient après l'hiver et les gens ne tombent pas malades. La combinaison des effets du chou avec les propriétés protectrices des pois dans les plats garantit non seulement la santé, mais aussi la prospérité dans l'année à venir.

Parmi de nombreux desserts, le gâteau de Noël le plus populaire est sans aucun doute le Makowiec, un gâteau roulé et fourré au pavot qui fait le bonheur des petits et des grands et dont le secret de fabrication fait la fierté de chaque foyer.

Aujourd'hui, lorsque la signification des symboles perd de sa clarté, une chose est certaine, quel que soit ce que nous mangeons, le plus important est que cela soit agréable, chaleureux et gustatif.

Cela vaut toujours la peine d'essayer, puis le bonheur sourira plus facilement et ce sera plus facile pour la prospérité. Bien que, bien sûr, le pavot, le miel et le poisson ne feront aucun mal dans leur assemblage culinaire.

 

À propos de l'auteur :

De nationalité Franco-Polonaise, Nicolas Rey est une figure célèbre de la gastronomie polonaise. Né en Touraine, il a grandi à Montrésor baigné de culture polonaise. Après un bac ES en 1999, il part
à Cracovie sur les conseils de son père pour apprendre le polonais. Il vit toujours en Pologne et anime avec succès une émission culinaire sur une chaîne de télévision privée polonaise.